Don Bosco, la relation au coeur de la pédagogie

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « Il reçut l’enfant dans ses bras »

le Mercredi 26 jan 2022

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Lundi, c'est la fête de Don Bosco, alors il peut paraitre étonnant à certains éducateurs que l'on continue à se référer à un pédagogue du XIXe, alors que la situation dans notre pays en ce début de XXIe siècle est bien différente du Piémont d'avant, mais n'oublions pas que nos 2 époques ont en commun de profondes mutations d'un point de vue sociétal. Au temps de Don Bosco, on passait d'une société rurale et paysanne à une société industrielle et voici que l'on passe d'une société industrielle à une société que l'on qualifie de post industrielle, marquée par la révolution du numérique et contrairement à ce que certains pensent, il ne s'agit pas seulement d'une révolution technologique mais d'une véritable révolution culturelle car on observe un changement dans le rapport au temps, marqué par l'immédiateté, à l'espace, marqué par l'absence de limite et aux autres, marqué par l'horizontalité des rapports induits par les réseaux sociaux, or tous types de culture ne se définit-il pas par un type de rapport au temps, à l'espace et aux autres? Et comme c'est le cas en période de mutation, ma question d'éducation se pose de manière cruciale et les problèmes de jeunesse s'avèrent criant, en particulier ceux liés à l'immigration.

Dans un tel contexte, à l'heure où la confiance dans les grandes institutions s'estompe, celle liée à la monarchie au temps de Don Bosco, la République aujourd'hui, Don Bosco était porteur d'une intuition qui a mes yeux gardent sa pertinence dans notre temps.

 

Quelle est donc ?

 

Selon lui, la capacité à éduquer est de moins en moins liée à la qualité organisationnelle de l'institution et de plus en plus liée à la relation de l'adulte au jeune, aussi l'exercice de l'autorité est moins lié au statut de la personne qui l'exerce qu'à la qualité de relation que celui-ci noue avec le jeune. Il nous lègue une pédagogie fondée sur cette qualité de relation. Après cette grande rationnalisation du siècle des lumières, Don Bosco vient réhabiliter l'affectif au coeur de la relation éducative, convaincu que celui-ci constitue une composante majeure de la relation, il invite à gérer correctement cette dimension affective plutôt que vouloir la nier comme c'est encore trop souvent le cas chez certains professionnels. "Sans affection, pas de confiance, sans confiance, pas d'éducation", c'est ainsi que l'on résume le fil rouge de sa pensée éducative.

 

Alors que nous allons fêter la Saint Jean Bosco, en ce 31 janvier, alors que ce courant est fort en Amérique Latine, au Canada, en Afrique, en Inde ou plus près de nous chez nos amis italiens, espagnols ou allemands, il est étonnant qu'en France, alors que l'on parle beaucoup d'une de ses contemporaines, Maria Montessori, qu'il soit si peu fait état de cette pédagogie.

 

Comment l'expliquez-vous ?

 

Comme le soulignait Guy Avanzini, un éminent professeur en sciences de l'éducation, le fait que Jean Bosco était prêtre a sans doute considérablement nui à la reconnaissance de ses intuitions pédagogiques. Selon Avanzini, le laïcisme prédominant, selon la pédagogie officielle, a, en France, marginalisé et dévalorisé la plupart des auteurs catholiques, voire affecté à leur égard, mépris et malveillance systématique aussi sommes-nous heureux, dans notre réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS) d'être porteur de ce trésor qu'est la pédagogie salésienne et défie de l'actualiser, au service des enfants et adolescents en difficulté de notre temps.

 

 

Retrouvez Jean-Marie Petitclerc sur RCF.