L’observatoire départemental de la protection de l’enfance, ça sert à quoi ?
➤ Créé en Savoie en 2018, il a pour but de dresser un état des lieux de la protection de l’enfance dans chaque département, de comprendre les phénomènes sociaux locaux pour aider les élus à élaborer les politiques sociales et à orienter les investissements. L’objectif étant de pouvoir adapter l’offre de service aux besoins des familles et des enfants, et d’agir en prévention des placements.
Deux actions phares menées en 2022
➤ Ça peut paraître évident mais en 2022, le Département s’est fixé comme objectif de promouvoir la santé de tous les enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance, et ce tout au long de leur placement. Ça veut dire généralisation d’un suivi médical systématique, au moins une fois par an, pour les moins de sept ans, puis des bilans réguliers à différentes tranches d’âge. Et suivi psychologique annuel.
➤ La seconde Université d’été s’est tenue en juin. Elle a permis de faire remonter les besoins, notamment des enfants. Ces derniers ont notamment exprimé vouloir maintenir le lien avec leurs familles et prendre davantage part aux décisions concernant leurs lieux d’accueil.
Les préconisations des experts
➤ Les services doivent davantage échanger. Là encore, ça peut paraître bateau, mais ça n’est pas toujours le cas. Et c’est Gautier Arnaud-Melchiorre, auteur du rapport 2021 “À (h) auteur d’enfants” qui l’a rappelé, mardi, lors de la séance de rentrée. Un rapport, remis à Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles, dans lequel il a recueilli la parole de plus de 1 500 enfants protégés par l’Aide sociale à l’enfance.
« Souvent les gens veulent bien faire, mais chacun de leur côté et ça manque de dialogue entre l’Éducation nationale, l’Aide sociale à l’enfance, le médecin traitant… C’est comme ça qu’on se retrouve avec un enfant puni par son enseignant, parce qu’il n’a pas fait signer son cahier par ses parents. Alors qu’il est placé une partie de l’année et ne les voit pas régulièrement. Ça peut paraître anodin mais l’enfant prendra ça pour une injustice et cassera une porte une fois arrivé au centre. »
➤ Autre préconisation, soufflée par le défenseur des enfants, Éric Delemar, changer le jargon très stigmatisant. « Par exemple, parler d’“enfants confiés” plutôt que d’“enfants placés”, qui sous-entend qu’on peut les déplacer facilement. Éviter de parler d’“enfants pris en charge” ou encore de “mineurs non accompagnés”, terme qui soulève souvent la suspicion. »
➤ Dernier constat relevé par Gautier Arnaud-Melchiorre, après avoir observé bon nombre d’éducateurs. « Il y a un manque de spontanéité de leur part, car ils sont anesthésiés par la hiérarchie, par le poids des autorisations à demander pour n’importe quelle sortie. En tant que cadres, faites leur confiance pour qu’ils puissent s’adapter à la réalité du terrain, aux besoins des enfants. »
L'accueil des enfants en chiffres
■ En 2021, 783 mineurs ont été confiés à l’Aide sociale à l’enfance et 198 étaient sous “contrat jeunes majeurs” pour les accompagner vers l’autonomie. Mille quatre cents enfants étaient suivis par des éducateurs, 1 061 avaient fait l’objet d’une information préoccupante, et 3 528 avaient bénéficié d’un dépistage à l’école maternelle.
■ Entre 2021 et 2022, 17 places d’accueil ont été créées dans les différents établissements et services médicaux sociaux en Savoie, passant ainsi de 1 078 à 1 095. On note, entre autres, que le Service de milieu ouvert et d’hébergement du Bocage est passé de 7 à 33 places et que 51 places ont été créées pour prendre en charge des mineurs non accompagnés (onze en internat à Challes-les-Eaux et 40 en hébergements externalisés sur l’agglomération chambérienne). En 2023, quinze places pour les situations complexes seront ouvertes.