La réforme des retraites suscite pas mal de remous.
Dernièrement nous avons entendu parler des manifestations à l’encontre des méga-bassines. Nous avons affaire à une sorte de tension sociale à grande échelle qui a besoin de s’exprimer et qui déborde trop souvent en actions violentes. Au niveau des jeunes, surtout les plus marginalisés, la perte de confiance, le désarroi face aux questions d’avenir, tout cela peut les amener à se rapprocher de groupements organisés et à choisir des actions marquées, avec le risque de brutalité extrême. Il nous faut accompagner les jeunes à trouver leur juste place en évitant la radicalisation de la violence.
Depuis septembre 2019, le Pape François a lancé le Pacte Educatif Global, c’est-à-dire l’invitation au dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Il s’agit « d’unir nos efforts pour former des personnes mûres, capables de surmonter les morcellements et les oppositions. » Dans ses discours aux parents et au personnel de l’enseignement catholique, le Pape François souligne souvent l’importance d’une éducation inclusive, une éducation qui fasse place à tous, quels que soient le niveau social, la culture, les croyances. Le Pape demande de construire des ponts entre l’école et la famille, entre l’école et les institutions civiles.
D’après vous, quel est l’apport spécifique de l’enseignement catholique dans le Pacte Educatif Global ?
« Catholique » veut dire « universel ». Par vocation et par choix, l’école catholique se veut ouverte à tous et attachée au respect de la liberté de conscience. Il lui importe de développer un projet avec une identité claire, de garantir un espace qui soit un «laboratoire de fraternité au service de l’ensemble de la société ».
L’Enseignement catholique expose et propose les valeurs de l’éducation chrétienne, sans l’imposer. Le dialogue permet aux jeunes de « mobiliser leurs convictions pour mieux vivre avec et pour les autres, et non contre les autres ». Bien souvent, les incompréhensions et les conflits proviennent des différentes conceptions du monde. L’identité d’une personne est fortement liée à sa croyance, à son système de valeurs. Chacun pense qu’il détient la vérité. En termes éducatifs, il est nécessaire de développer l’ouverture à l’étonnement, à l’émerveillement devant l’inconnu.
Quelles compétences sont à travailler pour favoriser l’éducation au dialogue ?
Voir la différence comme une richesse, cela s’apprend dès les petites classes. La semaine dernière, une éducatrice venue de Suisse, me disait comment elle gère au quotidien les comportements inappropriés de ses élèves de 3 ans et demi. Par exemple, certains recherchent l’attention ou la provocation à tout prix. D’autres se réfugient dans une sorte de bulle. L’éducatrice cherche à déceler les besoins de chacun, à y répondre par un geste adapté, qui comprend toujours une part équilibrée de bienveillance et de fermeté. Les comportements inappropriés peuvent provenir d’un manque de reconnaissance ou d’un sentiment d’injustice. Le défi est de valoriser le potentiel des élèves tout en leur apprenant à se libérer des fausses images qu’ils se sont construites en réaction à leurs besoins en souffrance.
En cette semaine Sainte, toutes les personnes concernées par l’éducation sont appelées à renouveler leur passion au service des jeunes, surtout les plus pauvres, pour qu’ils développent une belle humanité et une citoyenneté fraternelle dans le monde.
Sr Michèle Decoster
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