Rebondir dans l’adversité, portrait de Marie-Dominique Mazzarello

La chronique des Salésiens: cette semaine, Sœur Catherine Fino, salésienne de Son Bosco,théologienne à l’Institut Catholique de Paris, revient sur l'histoire de Marie-Dominique Mazzarello, qui après être tombée malade apprend le métier de couturière.

le Mercredi 19 mai 2021

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Nous sommes presque à la veille de la fête de la fondatrice des sœurs salésiennes, Marie-Dominique Mazzarello, une jeune villageoise du Piémont, au XIXème siècle. Les épidémies étaient récurrentes : en 1860, c’est le typhus. Ce qui m’intéresse, c’est la sortie du typhus. Marie-Dominique a eu moyennement de la chance. Elle a survécu, mais très affaiblie : un typhus long, dirions-nous aujourd’hui. Des mois de convalescence à la maison, l’arrêt de toutes ses activités, et l’obligation de changer de métier : impossible à cette battante de reprendre le travail aux champs, elle n’a plus la force.

 

Elle ressort de ce confinement, privée du métier qu’elle avait choisi et de ses projets d’avenir, sans perdre la joie de vivre.

Je pourrais bien sûr parler de sa confiance en Dieu. Mais il y a aussi une manière de s’appuyer sur l’expérience de la fragilité : elle qui venait d’expérimenter la dépendance et l’incapacité de travailler, elle a le réflexe de monter un projet à deux, avec son amie Pétronille, à savoir apprendre le métier de couturière pour gagner leur vie et ouvrir leur atelier en proposant une formation aux jeunes du village. Elles accueillent bientôt d’autres jeunes femmes désireuses de consacrer à l’éducation. Marie-Dominique a acquis l’habitude de penser d’abord à soutenir les autres et de se réjouir de chaque bonne nouvelle : on ne peut avancer que dans l’encouragement réciproque. Et elle qui s’était fait un "réseau", si l’on peut dire, dans l’élite de son petit village, privilégie désormais les filles en précarité, et monte son projet de formation et bientôt d’hébergement pour et avec les plus fragiles. 

 

Ni la foi ni la qualité du projet éducatif (elles ont vite été conseillées par Don Bosco) ne les préservent de la précarité économique du moment, ni de la malveillance, ni des jalousies.  Elles manquent souvent de travail et donc d’argent, jusqu’à avoir faim, et la maladie revient en communauté, cette fois-ci la tuberculose.

Mais les sœurs, les jeunes institutrices laïques et les élèves sont attirées par sa sérénité, sa capacité de rebondir dans l’adversité, et par son ouverture d’esprit. La société change : les filles accèdent enfin à l’éducation, il faut accueillir dans l’équipe éducative des jeunes femmes mieux formées qu’elle, redevenir dépendante, cette fois-ci pour apprendre elle-même à écrire, à l’âge de 30 ans. 

 

D’un autre monde, pas si sûr.

Combien de personnes aujourd’hui se sont découvertes « illettrées » au regard du numérique, tandis que d’autres craignent de ne pas remonter la pente pour sortir de la précarité ou de l’isolement provoqués par la Covid ? Que les parents et les éducateurs se rassurent : si ce sont les jeunes qui ont des compétences numériques à leur transmettre, et qu’eux sont aussi malhabiles que Marie-Dominique pour l’écriture, ils ont pour eux quelques années d’avance dans l’art de mener sa barque dans un monde imprévisible, et quelques valeurs à transmettre pour conserver sérénité et confiance en soi ! 

 

Bonne fête de Marie-Dominique à chacun et chacune !