Rodéos dans les cités

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS)revient sur une de ses initiatives de prévention auprès des jeunes de cités.

le Mercredi 10 nov 2021

Prevention 2-roues Prevention 2-roues  

 

Voici 15 jours, j'étais invité par le ministre de l'intérieur pour une décoration à un vieux copain, Pascal Dunikowski, devenu en fin de carrière "monsieur sécurité moto", auprès de la DDD à la sécurité routière. Je l'avais connu voilà il y a 45 ans, lorsque je travaillais dans les aumôneries de Saint-Germain-en-Laye. Il m'avait fait partager sa passion pour la moto, fantastique chevauchée que nous faisions ensemble.

 

Lorsque j'ai été amené à travailler comme travailleur de rue à Chanteloup-les-Vignes, je fis appel à lui pour animer un atelier de mécanique deux-roues. Nous étions en effet fortement interpelés par le phénomène de rodéo sauvage qui déjà sévissait dans la cité. Ces jeunes prenaient des risques considérables sur leurs motos et mettaient en danger l'environnement.

Il nous semblait nécessaire de développer une autre approche de ce phénomène, que celle pratiquée encore de nos jours qui consiste encore uniquement à vouloir interpeler les jeunes, quand c'est possible, et à confisquer leur moto.

 

L'approche salésienne consiste alors à repérer les talents. Il s'avérait qu'avec leur moto, ces jeunes faisaient preuve de véritable talent, d'adresse et de courage, pourquoi alors ne pas les aider à les développer dans un cadre légal, ne nuisant pas à l'environnement. L'idée a alors germé de monter une équipe course autour de deux motos de compétition que l'association de prévention que je dirigeais alors, avait acquise, et tout le groupe de jeunes que nous avions alors repéré, venait travailler à gonfler des moteurs et à s'entrainer sur un circuit de karting. La condition mise à leur participation résidait dans la cessation de leur activité de rodéo sauvage et nous organisions des épreuves de sélection pour constituer l'équipe qui défendrait les couleurs de la Cité. La première course eut lieu à Dreux fut mémorable, dans le minibus qui nous emmenait sur le circuit, les jeunes bien remontés, ne cessaient de fanfaronner " vous allez voir, on va tous les... " je ne répéterai pas sur les ondes le vocabulaire utilisé. Au départ, pour impressionner les autres participants, ils partirent à fond de train, en roue arrière et chutèrent dès le premier virage, le temps de se relever, ils n'arrivèrent jamais à rattraper les autres. Ce fut une belle leçon. Faire le mariole sur sa moto, c'est facile, mais négocier la meilleure trajectoire pour prendre un virage, là, cela s'apprend.

 

Avec cet ami Pascal, je montais le projet à Thimonville, où chaque année, une équipe de 10 jeunes, 3 pilotes, mécaniciens, 3 managers et un team manager se préparaient à défendre les couleurs de leur cité, lors d'un challenge national, organisé par la Fédération Française de Moto, avec le soutien du ministère de la ville. La 10e et dernière édition eu lieu sur le circuit de Carol, la ministre donnant le départ. L'expérience s'est arrêtée faute de financement. Quel dommage que les crédits pour la prévention soient si faible au regard de ceux engagés pour la répression, tel était malheureusement le constat qu'effectuait déjà Don Bosco, à son époque.

 

Retrouvez l'interview de Jean-Marie Petitclerc sur RCF.