La sanction éducative

La chronique des Salésiens: cette semaine, Jean-Marie Petitclerc revient sur la différence entre punition et sanction.

le Mercredi 09 juin 2021

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Ce matin, on parle de la sanction éducative...

Il est question de remettre en chantier, une énième réforme de l'ordonnance de 45 qui régit la réponse pénale de la délinquance des mineurs, dont l'augmentation inquiète bon nombre de nos concitoyens.

 

Arrêtons-nous ce matin sur la manière dont Jean Bosco envisagé les sanctions.

Pour lui, la sanction ne devait jamais avoir un caractère humiliant; il refusait avec force tout châtiment physique, ce qui constituait à son époque une grande avancée, mais au contraire, un caractère éducatif. Voilà pourquoi toujours attentif à distinguer la personne du jeune de ses comportements, dans une maison salésienne, on ne parle pas de punition mais de sanction. La différence étant que l'on punit une personne alors qu'on sanctionne un comportement. La sanction permet de le relire et au jeune d'en assumer les conséquences, un outil non pas de répression, mais de responsabilisation.

 

Quel est le rôle d'une sanction éducative?

Il est double... Il doit permettre à l'enfant de participer à la réparation des faits de sa progression, mais également de retrouver sa place dans le groupe: tu as commis un écart, tu as été sanctionné, tu peux à présent reprendre ta place dans le groupe.

Ne pas sanctionner conduirait finalement à le déresponsabilisé et ainsi à ne pas lui permettre de tourner la page.

On voit les effets dévastateurs de ce que peut être le laxisme, aussi ne cesse-t-il pas dans l'esprit de Don Bosco d'opposer punition et prévention, car la sanction constitue un outil de prévention de la récidive.

 

Quelles sont, à vos yeux, les caractéristiques d'une sanction éducative?

Pour qu'une sanction soit efficiente d'un point de vu éducatif, il est nécessaire que le jeune comprenne le sens, ce qui nécessite qu'elle réponde à deux critères, celui de pertinence et celui de cohérence.

 

> La pertinence vient du lien qui doit être visible pour l'enfant entre le contenu de la sanction et l'effet de sa transgression. Par exemple s'il s'agit d'une atteinte aux objets, il faut que la sanction porte sur la réparation. Si l'atteinte porte sur une personne, elle doit se situer dans le registre de la reconstruction de la relation.

> La cohérence provient elle de la pertinence entre la gravité de la sanction et celle de la transgression. Ceci parait aller de soi, mais dans la pratique quotidienne, la corélation la plus fréquemment observée se situe entre la gravité de la sanction et l'intensité de l'état de colère de celui qui la pose.

 

Voilà pourquoi il me parait important de différer le moment du rappel de la loi qui peut être effectué avec colère, de celui de la pose de la sanction. Il vaut mieux l'effectuer une fois le calme revenu. La colère est toujours mauvaise conseillère.

La pratique salésienne de la sanction s'effectue avec douceur, ce qui nécessite de distancier le temps du rappel de la règle, de celui de l'annonce de la sanction. Sanctionner à la manière de Don Bosco ne peut se réduire à l'application d'un cahier dde code. Il s'agit d'inventer une sanction qui fera sens à la fois pour le jeune et le groupe. Une telle pratique doit se faire dans la bienveillance, l'éducateur étant appelé à faire passer le message suivant: "Je te sanctionne car en fait, je veux ton bien".