Un temps pour s’arrêter

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous propose : « Un temps pour s’arrêter ».

le Mercredi 02 mars 2022

rcf_mat1-min-1 rcf_mat1-min-1  

 

Les jours succèdent aux jours, les semaines aux semaines,… dans ce rythme effréné qu’impose la vie moderne. Voici tout juste 2 ans, le monde, tétanisé par l’apparition d’un virus inconnu qui semait partout la mort, tombait en panne, avec le choc du premier confinement. Beaucoup retrouvaient alors le goût d’une vie où l’on prenait son temps, le bonheur de partager de longs moments en famille, la saveur d’une promenade d’une heure, puisque tel était alors le délai imparti. Beaucoup se sont mis à rêver du monde d’après… un monde qu’il fallait repenser autrement.
Mais voici que cette pandémie à peine terminée, le monde d’avant semble avoir repris ses marques, avec ses déplacements incessants et sa quête effrénée de consommation…


Et si l’heure était venue de s’arrêter un peu… de prendre un peu de distance, de recul face à cette course qu’est devenue la vie moderne. Voici qu’aujourd’hui, il est demandé aux Chrétiens de se placer, 40 jours avant, face à la perspective de Pâques. Certains recevront, lors d’une célébration à laquelle ils participeront ce matin ou ce soir, quelques cendres sur le front, un signe qui nous rappelle ce que notre société a si facilement tendance à vouloir nous faire oublier, à savoir que nous sommes mortels.

 

Est-il important de se le rappeler?
O combien !… Mais comme le rappelle l’ancien archevêque de Paris, dans un petit opuscule qu’il vient de publier, intitulé « La mort. Méditation pour un chemin de vie », « Méditer sur la mort n’est pas un réflexe morbide engendré par la peur. C’est au contraire une façon réaliste de s’emparer de la vie, de sa propre vie et de l’habiter en profondeur ». Voici qu’en ce Mercredi des cendres, nous sommes invités à centrer notre vie sur ce qui n’est pas périssable, car, comme l’indique l’écriture, tous les biens que nous aurons accumulés disparaitront avec la mort. Le seul trésor qui n’est pas périssable, la seule trace que nous laisserons de notre passage sur la terre, ce sont les liens d’amitié, de fraternité et d’amour que nous aurons tissés de notre vivant. Nous continuerons de vivre dans le cœur de celles et ceux qui nous ont aimés, de celles et ceux que l’on a aimés. Nous voici donc invités en ce temps de Carême, à nous détacher de ce qui finalement n’est que superficiel, pour nous rebrancher sur l’essentiel, qui , lui, est impérissable. N’est-ce pas là le véritable sens du jeûne ?

 

Que signifie donc « Jeûner » ?
Je dirai, à la manière de Xavier Thévenot, grand théologien moraliste salésien, que c’est vivre l’expérience du manque. Et tel est, selon la première béatitude, le chemin du bonheur. Oui, bonheur pour toi si tu manques de quelque chose, car tu sauras découvrir le bonheur de recevoir. Bonheur pour toi si tu manques de quelqu’un, car tu sauras découvrir le bonheur d’aimer. Bonheur pour toi si tu manques de Dieu, car tu sauras découvrir le chemin qui mène. Le jeûne conduit à l’aumône et à la prière. Et comment ne pas, en ces jours où la guerre refait surface sur notre vieux continent, prier pour nos amis ukrainiens, qui affrontent la mort avec courage pensant que les valeurs qu’ils défendent valent plus que leur propre vie !