Passer du rêve au projet

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco nous parle d'orientation

le Mercredi 10 mars 2021

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Les lycéens, scolarisés en terminale, sont appelés à s’inscrire ce mois-ci sur le logiciel Parcoursup, afin de préciser leurs choix d’orientation post baccalauréat. Cette démarche est source de stress pour beaucoup. Que choisir ? Comment choisir ?

 

Je suis souvent sollicité pour intervenir sur ce thème auprès des classes terminales de lycée. J’aime tout d’abord leur rappeler que c’est à eux, et à eux seuls, que revient le choix de l’orientation. Je me bats contre l’idée que ce serait l’école qui la déterminerait, en fonction des résultats scolaires. Le fait de choisir une voie qui, à la fois, corresponde à leurs goûts, leurs talents, et dans laquelle ils peuvent s’avérer utiles, ne relève que d’eux seuls. Se sentent-ils attirés par le fait de bâtir, de soigner, de créer, de prendre soin de la nature, d’être en relation ? Si l’orientation choisie est le bâtiment, bien sûr, selon les résultats scolaires, ils seront peut-être ouvriers, chefs de chantier ou PDG d’une entreprise de bâtiment. Si c’est celle du soin, ils seront peut-être aide-soignant, infirmiers, ou bien médecins. Mais l’orientation, elle, dépend uniquement de leur choix.

 

Il y a toujours moyen de réaliser une part de son rêve

Voilà pourquoi je leur conseille, avant de se précipiter au CDI, de prendre le temps de se poser, et de se souvenir de leurs rêves d’enfants. On se souvient de l’importance du rêve des 9 ans dans l’orientation de Don Bosco. Bien sûr, il sera nécessaire, pour effectuer son choix d’orientation, que le jeune apprenne à passer du rêve au projet, c’est-à-dire aller à la racine du rêve et voir ce qui peut être négociable avec les contraintes de la réalité. 

Imaginons par exemple un jeune ayant toujours rêvé d’être médecin. Et voici que ses notes se révèlent catastrophiques. L’accompagner dans ce passage du rêve au projet, c’est questionner la racine du rêve. "Tu veux être médecin, pourquoi ?" Est-ce pour nouer une relation avec le corps de l’autre ? D’autres métiers le permettent : entraîneur sportif, le paramédical, etc. Est-ce pour nouer une relation d’aide avec une personne qui souffre ? D’autres métiers le permettent : éducateur spécialisé, assistant de service social...

Il y a toujours moyen de réaliser une part de son rêve, même si ce n’est pas la totalité (à découvrir le portrait de Valentin). Tel est le sens de l’accompagnement.

Je vois trois risques.

D'abord, la fuite dans le rêve, quand la réalité paraît trop décevante par rapport à ce dont le jeune a rêvé ! Je songe à ces lycées professionnels où des jeunes sont affectés parce qu’il y a une place sans avoir été véritablement accompagnés dans un travail d’orientation. Alors ils taguent sur les murs : "Sans shit, la vie est triste !" Il faut s’échapper…

Ensuite, c’est le risque de la violence : "J’en veux à cette société qui permet à certains de réaliser leurs rêves et pas à d’autres ! Et je m’en prends alors violemment à elle".

Le troisième risque consisterait à vouloir chausser le projet d’un autre. Ce n’est jamais le bon choix !

 

Rappelons que le rôle de l’éducateur n’est pas de faire en sorte que le jeune réalise ses projections, mais de l’accompagner dans la réalisation de son propre projet.

 

Retrouvez l'interview de Jean-Marie Petitclerc sur RCF.